Bonsoir Vanessa, Tu es certainement encore très jeune pour comprendre la teneur de la missive que je t’adresse, mais l’âge me gagne et on ne sait pas de quoi est fait demain. Il me suffit de vous regarder, toi et tes frères, combien vous avez grandi pour me rendre compte que le temps passe vite. Tu es une jeune femme maintenant, tu as l’âge de comprendre certaines choses, c’est pourquoi, comme à ton frère il y a quelques jours, je t’adresse aussi une lettre pleine de soupirs. Ma petite fille, le monde va trop vite désormais, et j’ai peur pour votre génération. Surtout pour vous les filles, surtout pour vous. Regarde autour de toi et tu comprendras le sens de de mes complaintes. Mais je t’en supplie ma fille, ne te laisse pas emporter. Peu importe ce que tu fais, rappelle-toi que demain tu seras une mère de famille. Demande-toi, si ce que tu fais, tu accepterais que ta fille fasse la même chose demain. Chez- nous on dit : « Les enfants porteront les cicatrices des plaies de leurs parents ». Vanessa, je regarde les filles de ta génération et j’ai peur pour vous. Je dirais même que j’ai pitié d’elles. Ma fille, n’oublie jamais que ton corps est un trésor, et sa valeur dépend de l’usage que tu en fais. Mon aïeul me répétait souvent que la valeur d’un secret dépend du nombre de personne qui est au courant; c’est pareil pour une femme. Tu seras une mère de famille dans quelques années, tu tiendras un foyer et vivra sous le toit d’un homme. Quel que soit ce que tu auras fait dans ta jeunesse ça te poursuivra, toi et ta famille. Ne te dis pas que tu es grande et que tu n’as pas besoin de mes conseils. Comme disait mon père : «Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer ». Tu sais ma fille, la vie est comme une autoroute, les seuls panneaux de signalisation sont les expériences des autres. Valorise tes origines, ne fais pas comme ces aliénées qui changent la couleur de leur peau en pensant que ça changera leur histoire : Elles resteront toujours des noires, et des africaines. Les anciens disent : « le serpent change de peau, mais il reste un serpent ». Garde ta pudeur en toute circonstance, ton corps est ton trésor. Le regard qu’un homme posera sur toi, dépendra de la manière dont tu te présenteras à lui. L’habit ne fait pas le moine, mais on reconnait le moine à son habit. Les hommes ont l’imagination féconde, si tu te pavanes presque nu, leur imagination complétera le reste du dessin. Ne deviens jamais une victime de la mode, car toutes ces habitudes importées de chez les blancs n’ont pas forcément leur place chez-nous. Où que tu sois, tu portes avec toi le nom de ta famille, et même leur honneur. Il y a une sagesse de chez-nous qui dit : « quand le fruit est mauvais, c’est l’arbre qu’on abat ». Donc quel que soit ce que tu feras, ce ne sera pas qu’en ton nom, mais en celui de toute ta famille. Fais des études, tu seras indépendante. Les hommes respectent les femmes qui s’affirment et se prennent en charge. Et non ces opportunistes qui vivent à leurs dépens et leur mangent à la main. Les hommes ont peur des femmes indépendantes et qui savent ce qu’elles veulent. Sans rechigner ta féminité, imposes-toi dans la société et fais honneur à ta mère. La plus grande réussite d’un enfant, c’est rendre fiers ses parents. Bref, si j’ai préféré t’envoyer une lettre, c’est parce que tu pourras la conserver et la lire pendant longtemps, afin d’en percer le sens profond. Qui sait, je ne serais peut-être plus là pour te répéter ces mots dans quelques années. Prends soin de toi ma fille, et rapporte nous de bonnes notes de l’école. Ton vieux père S. Opong.
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Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire...
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